Chacun a déjà pu constater le glissement de terrain de la rue « Voie de Saive » à Tignée. Probablement, peu d’entre nous ont cependant une connaissance approfondie de ce dossier. Personnellement, ayant eu l’opportunité d’en être un proche voisin pendant une trentaine d’années, j’ai pu suivre son évolution et en connaître certains éléments.

À ma connaissance, la dernière évocation à ce Conseil date de novembre 2010 à l’initiative de M. Michel Mordant s’inquiétant de l’embellissement du lieu et des aménagements de sécurité. Je ne m’attarderai pas sur ces points aujourd’hui, mais une réponse du Bourgmestre me pose problème plus fondamental « selon les avis qui ont été sollicités, voici quelques années, la situation ne pose aucun problème d’urgence ». En est-on bien sûr ?

À la demande de M. Mordant, j’ai recherché à ce moment le dossier dans mes archives.

On retrouve ainsi trace du Conseil communal de décembre 1983 en suite à une de mes interpellations. On y apprend que selon l’échevin des travaux de l’époque « La réfection valable de l’ensemble de la route nécessite préalablement la stabilisation du glissement selon l’étude spéciale du Laboratoire de Géologie de l’Université de Liège en collaboration avec la firme Pieux Franki et que le Collège échevinal estime que l’amélioration d’autres rues est plus urgente.

Néanmoins, en juin 1985, c’est l’échevin des travaux lui-même qui présente un projet de réfection. Si l’enregistrement des réunions du conseil avait eu lieu à cette époque, je pourrais me contenter aujourd’hui de vous proposer l’enregistrement, tant peu de choses ont changé depuis.

Il faut savoir que de mémoire d’homme, les affaissements et glissements de terrain à cet endroit n’ont cessé de créer des soucis aux autorités responsables de cette voirie.

J’évoquerai les éléments en ma connaissance.

La première rénovation asphaltée de cette rue date d’une bonne soixantaine d’années. À cette occasion, la construction d’un épais mur de soutènement était pensait-on la solution. Or, il s’avéra aussi inefficace que futile puisqu’il fut aspiré lui-même dans le sol et ne put éviter quelques éboulements spectaculaires, mais, heureusement, sans conséquence humaine. Il n’en reste plus guère de traces aujourd’hui.

C’est ainsi que la circulation dans cette rue se résume à une demi-largeur depuis des décennies en dépit d’une insécurité ayant failli à plusieurs reprises causer un accident dramatique.

En 1957, les premiers forages pour analyse eurent lieu et furent complétés de 1978 à 1981 par d’autres études plus approfondies du service de Géologie de l’Université de Liège et de la société Franki auxquelles, je viens de faire allusion. Des rapports furent rédigés et de coûteuses propositions de solution élaborées, mais jamais mises en œuvre pour des questions budgétaires essentiellement.

En résumé, il s’agissait de pieux Franki forés d’importance variable selon que l’on évacuerait ou non les quantités de terre exerçant la pression. La commune laissant passer en 1983 une opportunité d’utiliser un remblai voisin. Entretemps, des autorisations de construction étaient délivrées à proximité.

Revenons à la réunion du Conseil de juin 1985.

Après un examen superficiel de la situation en compagnie d’un entrepreneur, l’Échevin des travaux présenta donc à ce moment un projet à moindre coût.

Considérablement inquiet par ce travail d’amateur, j’avais pris contact avec les auteurs des études précitées. Les documents faisaient par exemple allusion à la stabilité de l’endroit le plus crucial caractérisé par un indice S=1. Que représentait cet indice ?

Il me fut expliqué qu’un indice S=1 signifiait une stabilité précaire.

Autrement dit, à l’occasion d’un événement climatique affectant la nappe aquifère, d’une secousse sismique, de la pression d’un véhicule, un glissement de terrain majeur est de l’ordre du possible.

Après avoir informé le Conseil des conséquences de ce projet amplifiant le danger, celui-ci donnait suite à la suggestion du conseiller Jules Gazon et « approuvait unanimement le report de ce point pour examen plus approfondi ».

Depuis 28 ans, le dossier semble toujours à l’étude. En fait, il est au frigo.

Considérant la responsabilité de notre Conseil si un jour, comme les experts ne peuvent l’exclure, une catastrophe majeure se produisait, je me permets de vous faire une suggestion :

Sortons ce dossier du frigo et dans un premier temps, adressons-nous au service de Géologie de l’ULg et demandons-leur :

  • D’une part si les conclusions des études précitées leur paraissent toujours valables ?
  • D’autre part si depuis trente ans, les nouvelles technologies permettent d’établir des diagnostics plus précis ? Dans ce cas, si une étude actualisée ne serait pas nécessaire ?

Pascal Etienne
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